La Belgique demande l’interdiction des « polluants persistants » à la suite de l’affaire 3M

Le gouvernement belge soutient une proposition d’interdire dans l’Union européenne les produits chimiques qui ont infecté le sol autour d’une usine 3M près d’Anvers.

Les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), également connus sous le nom de « polluants organiques persistants » ou « produits chimiques éternels » (« forever chemicals » en anglais), ont attiré l’attention des législateurs en raison des risques qu’ils posent pour l’environnement et la santé.

Ces produits chimiques sont largement utilisés dans la grande distribution et l’industrie pour leurs propriétés antiadhésives et résistantes à l’eau. La forte liaison carbone-fluor qui les caractérise les rend imputrescibles. De plus, d’après des études médicales, ils sont cancerigènes, perturbateurs endocriniens, et provoquent d’autres maladies.

« Des concentrations accrues de PFAS ont été trouvées dans l’environnement à divers endroits en Belgique, ce qui pourrait avoir des effets possibles sur la santé humaine », a déclaré Céline Tellier, ministre wallonne de l’Environnement et de la Nature. Lors d’une réunion des ministres européens de l’Environnement à Luxembourg, elle a déclaré que la Belgique soutiendrait l’adoption d’une interdiction couvrant les PFAS en tant que groupe défini de substances.

« Cette restriction visera à interdire toutes les utilisations non essentielles des PFAS et à n’autoriser que des utilisations spécifiques pour lesquelles il est prouvé qu’elles sont essentielles pour la société et tant qu’il n’y aura pas d’alternatives », a-t-elle déclaré.

La ministre a également appelé à une plus grande biosurveillance et, dans les cas où l’utilisation de PFAS ne peut pas être substituée, la Commission européenne devra assurer la traçabilité ainsi que des contrôles de conformité, a-t-elle déclaré.

Tellier a également appelé à une plus grande mutualisation des connaissances entre les États membres de l’UE sur les meilleures pratiques, les permis environnementaux et la gestion des cas de pollution historiques.

L’utilisation de PFAS a fait la une des journaux en Belgique cette année dans une affaire impliquant le conglomérat américain 3M et son utilisation antérieure des produits chimiques.

L’affaire concerne une usine 3M dans le village de Zwijndrecht, près d’Anvers. En 2018, des taux élevés d’acide perfluorooctanesulfonique ont été relevés dans le sol environnant. Le produit chimique a été produit par 3M entre 1976 et 2002.

L’entreprise a déclaré depuis avoir amélioré son système de traitement des eaux usées et augmenté son programme de tests.

« Nous continuons d’investir dans des technologies de pointe pour le traitement de l’eau, et nous travaillons en étroite collaboration avec toutes les autorités concernées pour les tenir informées de toutes les améliorations apportées à la station d’épuration et aux processus de production », dit-elle dans un communiqué.

Fin août, l’entreprise 3M a annoncé qu’elle mettrait en œuvre « sans délai » les mesures de sécurité imposées par l’Inspection flamande de l’environnement, à la suite d’une inspection de l’usine de Zwijndrecht.

« Nous nous engageons à les mettre en œuvre sans délai. Cependant, nous maintenons que notre activité ne présente aucun danger pour l’environnement », a déclaré 3M.

En même temps, la société chimique américaine Chemours, une filiale de DuPont qui comprend la marque Teflon, a comparu dans une affaire historique devant la Cour de justice de l’UE à Luxembourg.

L’affaire concerne la décision de l’UE en 2019 d’inclure les produits chimiques fluorés GenX dans sa liste de substances classées extrêmement préoccupantes. Cela signifie que tous les fabricants de ces substances doivent partager des informations sur leurs propriétés dangereuses avec tous les agents de leur chaîne d’approvisionnement.

Chemours a utilisé ces produits chimiques comme substituts des PFAS et a contesté cette décision. L’Agence européenne des produits chimiques et le gouvernement néerlandais ont tous deux comparu devant le tribunal pour la défendre.

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